“Passage, j’accuse le silence”.. la performance collective crée dans le grand Villeneuvois
Choisir un féminisme universel, c’est faire face à tous ces contradicteurs qui pratiquent délibérément le parasitage et la régression. Il est urgent de réaffirmer la valeur de l’émancipation et de plaider pour un féminisme pluriel. Ni décolonial ni occidental, les femmes doivent pouvoir se construire à leur rythme, dans les luttes et la solidarité des combats quotidiens. Le langage de l’art peut être utilisé pour affirmer des légitimités universelles comme choisir le meilleur pour les femmes. Voilà ce que les femmes pourraient gagner à la construction d’un monde « féministé » et soudé. J'ai donc créé une performance multi médiums (fresques, musiques, vidéos chorégraphie, théâtre, contre défilé de mode…) sur l’égalité entre les sexes. Proposer ce travail dans un cadre de coopération culturelle, c’est pouvoir échanger, partager, notre réactivité autour des violence faites aux femmes. C’est se reconnaitre, s’allier entre féministes universalistes pour que chaque ethnie puisse donner un sens à l'histoire des femmes de son propre pays. Mon premier choix, une performance sous forme de « Contre-défilé de mode » réalisé avec les images de ma fresque "Vie de femme, petits rien et théorie du tout". Les injonctions faites aux femmes de tous les pays à travers la «mode» soulèvent une série de contradictions dont je me suis emparée pour imaginer cette oeuvre collective. Cette oeuvre qui a débuté en France, est exponentielle puisqu’elle à pour but d’être enrichie par les histoires intimes des femmes des pays où nous ferons escales. Les artistes locaux soutiendront la parole libérée. J’ai un eu un vif intérêt de saisir un spectre très large des traditions esthétiques, musicales, chorégraphiques reliées aux divers arts mondiaux. Je veux respecter la diversité et l’histoire de chacune. La cie Erdösky à composé une musique du monde remarquable qui ne demande qu'à être enrichie. Pour moi, dans le grand tout de la performance la distinction entre les arts plastiques, la musique, l’art videaste, art théâtral et chorégraphie n’existe pas. Chacun devra accompagner l’autre et suivre le récit proposé par les femmes. Les chorégraphes sont invités à avoir un second regard sur le mouvement des corps. Lorsqu’on parle de l’intimité des femmes, c'est important. Cela me permettra de réserver des moments d’écriture des corps exposés en occident, cachés en orient, et souvent bléssés. Faire appel à des artistes des pays qui ont les mêmes valeurs onusiennes et des intérêts artistiques diversifiés est essentiel pour enrichir ce travail afin que quelque chose de puissant émerge. Un travail de fusion est à recommencer dès lors que nous arrivons dans un nouveau pays. Comme dans toutes mes démarches:
L’Art de la fusion est l’Art de l’équilibre. Il ne suffit pas d’emprunter d'anciennes et de fortes traditions non occidentales, des symboles et des mythes pour les faire vivre à travers une performance. Mais bel et bien de s’enrichir mutuellement dans l’objectif de réunir afin que ce mélange fertile soit symbole constant de l’évolution de la condition féminine. Il en résulte un mélange audacieux, puissant de traditions de danse et de créations esthétiques sous le signe de la communion, la joie et le partage pour jouer un rôle de cohésion. Ma première démarche a été d'envisager ensemble, une pensée féministe à travers l’art pour accéder aux différences ou ressemblances de la condition des femmes de chaque pays. Ma seconde, a été de colorer la musique en fonction du pays. Ma troisième a été de considére le mouvement des corps selon les thèmes abordés. Puis j'ai adapter les costumes. Et en dernier lieu, une traduction des textes dans les langues du pays afin que le message soit accepté de tous.**
Si dès le début, le mouvement de libération des femmes a été récupéré par l’industrie de la mode, aujourd’hui le féminisme lui sert d’argument de vente.. Pourtant, si Dior, et Chanel appellent à se rebeller contre les stéréotypes patriarcaux, la culture patriarcale est encore très présente dans la mode et soulève une série de contradictions dont je me suis emparée pour créer ce nouveau concept. Diktat sexiste dans sa représentation des femmes, la mode renvoie à l’idée d’une femme objet où l’on s’intéresse plus à son physique qu’à ce qu’elle est. Les mannequins sont souvent anorexiques et ne reflètent que rarement la diversité féminine. L’exploitation des femmes ouvrières, des enfants et des minorités dans la production des tenues luxueuses, est très proche de l’esclavagisme moderne. Les marques ont fini par réduire le féminisme à un slogan, un argument de vente dans un spectacle qui ne propose aucune révolution réelle, ni aucune autre forme d’engagement. Cela revient à vider le mot féministe de son sens. Pour contrecarrer le “Femvertising” de ces défilés sexistes, j’ai imaginé une performance qui s’appuierait sur cette activité dite féminine pour porter des messages forts de conviction et formuler une critique de toutes les sociétés masculinistes.
Les artistes choisi.e.s
Des artistes qui ont des valeurs d’altérité et d’égalité universelles. C’est au nom de la sororité que Natacha Atlas, Muriel Erdödy, ont accepté de faire la musique du spectacle. Et, c'est sous la houlette de leur compagnon Samy Bichaı̈ et Alexis Kowalczewski que les voix féminines d’Alba Delmont et de Fanta Sayon Sissoko ont été invité es à nous rejoindre. Elles renforcent et rythment les é motions (joie, tristesse, frayeur, colère...) qui font écho aux couleurs de la fresque peinte «Vie des femmes fait de petits riens et de la théorie du tout» de l’artiste plasticienne. Natacha Atlas est une exploratrice, une citoyenne du monde, qui propulse une musique basée sur la rencontre et le goût de l’autre. Elle rapproche l'Orient et l’Occident sur le plan musical, en mê lant les musiques et les chants orientaux, classiques ou de varié té , la chanson française, la Pop et le Rap. Faiseur de sons et d’espaces, Muriel et Alexis sont proches de la terre et du paradoxe de notre condition humaine. Elle, aux cordes folks africaines, nylons et é lectriques, Lui, aux clarinettes, aux percussions et à la batterie.. Ces voyageurs de mots et d'accords suspendus mêlent leurs énergies et transperce la toile.Des artistes professionnel.le.s ivoirien.ne.s seront invité .e.s à rejoindre les musicien.ne.s français.e.s ainsi que des écoles de musique pour jouer ensemble le jour de la performance. Il se passe quelque chose d'extraordinaire lorsque les cultures et les genres musicaux fusionnent pour créer une ambiances qui porte les violences faites aux femmes dans le monde. Il y a comme un écho poétique aux voix qui dévoilent le verbe. Avec eux, elles, je veux faire le choix d’une musique hypnotique et répétitive, avec une constante vibratoire qui garde le lien avec le public pour rehausser la performance. Les voix féminines, Française pour Muriel, Arabe et anglaise pour Natacha, espagnole pour Alba Delmont qui vous chaloupe les sens ainsi que la voix en Bambara de Fanta Sayon descendante d’une des plus anciennes traditions orales d’Afrique, sont au centre de la musique. Des voix qui chantent, crient, s’apaisent, avec colè re et avec amour. Cette musique nous connectent à la spontanéité et à la passion, comme elle a connecté l’émotion à l’avant-garde, l’avant-garde au Rock, à la Pop, au féminisme et finalement à l’activisme pacifique.